Pour ma villeChampigny-sur-Marne le 26 octobre 2007

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Les rencontres commencent en Val de Marne à Champigny, au Centre Municipal d’Activités Youri Gagarine, dans le quartier des Mordacs, le 26 octobre 2oo7.

Le thème de cette rencontre est "l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi"

Les échanges doivent permettre de présenter et discuter des expériences positives, et des blocages à résoudre, pour proposer des mesures concrètes d'amélioration des démarches et des procédures à intégrer au Plan Banlieues.

Olivier DU CRAY, Sous-préfet de l'arrondissement de Nogent sur Marne, indique qu'il s'agit de parler concrètement pour agir concrètement, de façon à "co-produire" une politique publique. Les résultats seront clairement portés à connaissance. «Nous partageons des convictions fortes», et l'évocation des vécus permet de fonder un socle d'information pour contrer le frein majeur de la discrimination à l'embauche, par la diversité dans les recrutements. La diversité est considérée comme un atout, une nécessité publique et pratique.

Dominique ADENOT, Maire de Champigny-sur-Marne nous accueille chaleureusement dans le centre social de ce quartier en restructuration. L'approfondissement d'un diagnostic sérieux sur les causes de l'inégalité dans l'accès à l'emploi, qui concerne toute la collectivité et non seulement la relation entre un employeur et un demandeur d'emploi, permettra de tracer des pistes pour saisir chaque opportunité de faire reculer toutes les formes de discriminations, à l'embauche, à la formation. Le désenclavement des territoires, la question des transports en commun - cruciale pour Champigny - pour l'accès pour tous à l'ensemble des filières éducatives et des emplois jouent un rôle prépondérant.

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l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi - vidéo 3'20

Ce qu'il faut entendre précisément par discriminations

Najat ZOUANE, Chargée d'animation territoriale à la Direction Départementale du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle précise :

«si je dis maintenant "toutes les personnes portant des lunettes sortent de la salle" ,
il s'agit d'une discrimination.»

Les préjugés, le racisme, sont du registre de l'idéologie, et basés sur différents caractères. Lorsque l'on passe à l'acte, à l'inégalité de traitement, il s'agit d'acte de discrimination, ce qui est interdit par la loi.

La lutte contre les discriminations, distincte de la lutte contre l'exclusion, comporte quatre approches :

ESPERE, programme européen "Engagement du Service Public de l'Emploi pour Restaurer l'Egalité", est schématiquement un programme de formation en différents modules :

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l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi (2)- vidéo 5'45

Freins et pistes d'améliorations proposés par la société civile, échanges avec la salle

Dorine ARBIB témoigne de l'action de la Compagnie de l'Embuscade, chantiers d'accès à l'emploi par les métiers du spectacle vivant, dont on pourra voir "Eclats de vie" les 22 et 23 novembre prochains à la salle Gérard Philippe de Champigny.

Les mots sont déterminants pour la pensée, et on ne peut parler pour une personne d'insertion.

insertion ? on insère une pièce dans une machine ; inclusion ? on inclut un insecte dans la résine ; intégration ?

Catherine LAPOIX, Sous-préfète à la Ville pour le Val de Marne, souligne l'importance extrême des mots, et de l'image qu'ils induisent. L'Europe utilise le mot inclusion, mais pour une participante, «cela fait penser à un insecte dans de la résine!»

Moncef JENDOUBI, Directeur de la Mission Locale des bords de Marne présente les objectifs de cette structure basés sur la pédagogie en direction des entreprises plus que sur la répression, et cherchant à établir une mobilisation collective et permanente des acteurs. La Mission locale a mis en place un plan d'action partagé avec l'ensemble de l'équipe afin que chaque membre ait la même réactivité et le même niveau de réponse professionnelle face à une pratique discriminatoire.

«L'entreprise n'a pas les moyens de rattraper l'école»

Pour Dominique GUITTARD, Directeur du Centre Leclerc de Champigny, son métier repose sur le fait "d'aimer faire venir les gens". Il faut tout de même un minimum de niveau, l'entreprise a une nécessité de rentabilité. Deux principes d'actions mis en œuvre dans les recrutements : privilégier la proximité géographique ; et, avant tout entretien professionnel, s'assurer d'un minimum de connaisssances par des tests de calcul permettant de mesurer le niveau des personnes. Puis le recrutement devient plus classique avec un entretien en face à face.

Robert VIGNE, Président de l'Office Municipal des Migrants accompagné de salariés et d'usagers de l'association, rappelle que la lutte contre les discriminations est du registre du respect des droits fondamentaux. La possibilité d'obtenir des papiers est une mesure anti-discriminatoire. «Il faudrait aussi que les institutions soient engagées lorsqu'elles promettent des crédits, pour une stabilité des emplois des acteurs et une pérennité des actions.»

«Parler français ? le simple fait pour une mère de pouvoir parler avec l'instituteur de ses enfants, c'est un élément considérable d'intégration,
de mieux vivre dans notre société et de lutte contre la délinquance et tout ce que ça peut amener!»

L'Office des Migrants de Champigny n'a plus de crédits pour la prise en charge de l'indemnisation des femmes qui viennent de débuter un cycle de formation en vue de l'accès à l'emploi. Concrètement, depuis de nombreuses années, les femmes stagiaires recevaient une indemnisation (30h/semaine), ce qui est a été remis en cause en septembre 2007 et fait l'objet d'un courrier-pétition adressé au Premier Ministre.

«elle avait le profil du poste pendant 12 ans, mais à
38 ans elle ne l'avait plus ?»

José PERERA, Vice-président de l'association des portugais de Champigny, expose le cas d'une femme qui, après avoir travaillé 12 ans dans une grande surface, puis élevé ses enfants pendant quelques années, s'est vue indiquer qu'elle n'avait pas le profil du poste.

«un petit rien fragilise les processus, des années d'efforts conjoints sont ruinées»

Richard LOPEZ, Médecin généraliste et Directeur de la santé de la ville de Champigny, rappelle que la mauvaise santé est aussi un facteur de discrimination. La complexité des procédures d'accès à la santé et les franchises prévues sont des freins supplémentaires pour les plus vulnérables.

«son action est unanimement appréciée, et on va briser
les énergies»

Djiby SY, Président de l'UTSF, Union Tremplin Socioculturel de France de Champigny évoque lui aussi la fin de contrat de son adulte relais permanent. Il est en attente de la réponse de la Préfecture. Par ailleurs le partenariat a permis l'ouverture du Cyber-base avec deux emplois aidés, adultes-relais.

«Serait-il possible de faire visiter le centre Leclerc
par les stagiaires ?»

Asma ASHRAF, Directrice de l'association des Femmes Relais, indique qu'il y a une liste d'attente de plus 100 personnes pour des cours de français à l'Office des migrants. Il y a un manque énorme aussi d'entreprises d'insertion, or les personnes commencent plus facilement à travailler par la pratique.

Pour Najat ZOUANE, on peut encore monter des associations d'insertion, il y a une fiche d'information et elle peut transmettre la liste des associations existantes.

Alain LAMMERS, Directeur de la régie de quartier des Mordacs, souhaite de l'aide au montage des entreprises d'insertion, en particulier pour leur trouver des marchés. Les personnes du secteur du nettoiement coûtent moins cher dans le privé que dans les entreprises d'insertion, qui consacrent les aides à l'accompagnement et la formation. Si les cotisations sociales diminuaient, la baisse des coûts de production positionnerait de manière plus concurrentielle l'insertion vis à vis du marché.

«pas de permis
=> pas de boulot
=> pas d'argent
=> pas de permis…»

Marc ZIMMERMAN pour la Mission Locale relève qu'avec de la bonne volonté, on parvient à des réussites : la RATP, pionnière dans les recrutements dans les quartiers pour constituer des équipes à l'image des clients qui prennent quotidiennement les transports en commun est très attendue des jeunes qui connaissent sa notoriété et cet engagement citoyen. C'est le cas pour l'opération "Bus pour l'emploi" de la Mission Locale où le stand RATP connaît chaque année un vif succès.

«la discrimination, c'est mon quotidien ; dès qu'ils voient un jeune, noir, ils sont "obligés" de nous contrôler!»

RODRIGUE «je suis le seul jeune de l'assemblée ! » souligne que malgré son niveau bac pro il ne trouve pas de travail, et que les contrôles d'identité systématiques sont la règle.

Clarisse CHATELLIER, Chef de projet Politique de la Ville à Champigny, ajoute que s'il y a des mesures pour aider les 16-25 ans à passer le permis de conduire, pour les adultes c'est encore plus difficile.

Saliou DIA, de l'association Agence Initiative Cité raconte qu'une comptable bénévole potentielle s'est entendu dire «ne va pas au Bois l'Abbé, tu vas te faire massacrer». Il lance la question du casier judiciaire consultable par autrui, selon certains intervenants. (C'est possible, mais illégal).

Reste que les fichiers de la police sont parfois accessibles, en tout cas le fait d'être «défavorablement connu des services», et l'enquête de moralité étendue à la famille, si elle est parfois justifiée, est souvent un frein et ne peut être objective.

Le guide "la Caravane du casier judiciaire" explique ce à quoi l'on s'expose en cas de casier "chargé", et de quelle façon certaines peines sont effaçables au bout d'un certain temps, pour sensibiliser les plus jeunes.

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l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi (3) - vidéo 4'30

Démarches et actions des institutions et des entreprises privées et d'insertion

«un gamin accro aux jeux vidéos peut être très doué pour devenir opérateur sur machine à commandes numériques, poste qui demande vigilance, rapidité
de réflexion et de réaction…»

Après ces échanges et témoignages de la salle, Patricia BERARD, de l'ANPE, explique le système de la "Méthode de Recrutement par Simulation" (MRS). Face à un manque de réponse à des offres d'emploi, un agent a proposé aux entreprises de tester les capacités de demandeurs à accomplir les fonctions proposées. Des vocations, des envies, d'autres compétences peuvent produire l'habileté d'une personne. L'ANPE étudie le poste, les gestes de travail nécessaires, et teste l'aptitude du candidat. L'entreprise s'engage à recevoir les personnes sélectionnées ainsi pour leurs potentiels.

«une femme de ménage avec une voiture ? nous avons des sportives qui viendront en transports en commun, à pied ou en patinette! ;

elle doit savoir lire les consignes que vous lui laissez ? vous pourriez lui téléphoner quand elle prend son service ?…»

Elle explique d'autre part qu'en matière de lutte contre les discriminations le travail de l'agent de l'ANPE, au quotidien, c'est de déceler la réticence, de bien comprendre la demande d'un employeur et de proposer des alternatives.

Jean-Yves OCCHIPINTI, Directeur du service économique de la ville de Champigny, expose les effets attendus des chartes ANRU (Agence Nationale du Renouvellement Urbain) qui obligent à consacrer 5% des heures de travail à des salariés issus du quartier en rénovation.

Pour autant, le profil des postes à pourvoir correspond souvent très peu aux populations concernées. D'autre part, la frontière du territoire d'un quartier concerné par le dispositif ANRU limite souvent les capacités d'action. Pour une compétence particulière, l'on peut ne pas trouver un jeune sur le territoire concerné par l'ANRU. Un autre jeune - habitant sur le trottoir d'à côté et avec les mêmes problématiques d'accès à l'emploi - ne pourra être retenu dans le calcul des 5% faute d'appartenir à la ZUS (Zone Urbaine Sensible). Et le premier aurait pu aller travailler pour l'entreprise mais sur un chantier hors de la zone, donc hors calcul des 5%. Il convient de rendre plus souple ce dispositif.

Anne DELACQUIS, Directrice générale adjointe à la Mairie de Champigny, évoque trois projets de la ville : créer un lieu ressources d'information; réaliser une plaquette des outils et des acteurs de la lutte contre les discriminations ; proposer une "Charte contre les discriminations".

Najat ZOUANE, de la DDTEFP, propose une coordination avec la ville, pour le guide pratique qu'elle souhaite élaborer.

Jean-Claude EMORINE, Maire adjoint de Champigny au Développement économique, au commerce et à l'emploi : «la plate-forme de vocation de la MRS est un concept déroutant, une excellente idée. La Ville de Champigny-sur-Marne demande aux représentants de l'Etat si la réalisation d'une seconde structure dans le Val-de-Marne et dédiée aux métiers du BTP est envisageable, d'autant qu'elle entrerait en résonance avec la Maison de l'emploi et des entreprises et son action spécifique en direction du BTP »

Catherine LAPOIX, Sous-préfète à la Ville, enregistre la proposition.

Dominique REGNIER, de Bernard Brune Consultants, expose avec Christian VEDRENNE, Adjoint au Maire de Le Perreux-sur-Marne et Président délégué de la Maison de l'Emploi et des Entreprises des Bords de Marne, le plan d'action de celle-ci, et la proposition d'intégration d'une clause sur la diversité dans les conventions de Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences (GPEC) pilotées par la DDTEFP. L'orientation de la Maison de l'emploi et des entreprises est de promouvoir la rencontre entre les entreprises et les demandeurs d'emplois, en quelque sorte faire de la discrimination positive par des actions de proximité et à petites échelles.

«on se dit : l'employeur va m'exploiter, je vais devoir faire des kilomètres et je ne gagnerai rien par rapport à ce que j'ai sans travailler»

«mais dès que je commence à leur demander quelque chose ils me disent : "oh tu me parles pas comme ça" et le lendemain matin je ne les vois plus, c'est décourageant»

C'est la distance, l'incompréhension, la méfiance réciproque qui sont à vaincre, les exigences des uns et des autres à comprendre, par exemple c'est mieux pour une femme de ménage de savoir lire.

La rencontre s'est achevée avec l'intervention de Jacques ROY, Secrétaire général du Conseil Départemental d'Accès au Droit, au sujet de la Halde, Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité, qui indique qu'en 2oo6, seulement 6 faits de discrimination ont été poursuivis. Il manque une fiche de signalement, simplifiée et dématérialisée (à déposer sur Internet), pour faciliter l'accès des personnes à leurs droits. Il insiste aussi sur la nécessité de développer la formation des acteurs locaux qui sont des interlocuteurs privilégiés.

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l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi (4) - vidéo 2'35

Réflexions issues de la rencontre, qui pourraient faire l'objet de propositions pour le plan Respect et égalité des chances pour les banlieues :

Par la formation/ sensibilisation

Par l'amélioration des connexions

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