Cachan le 10 novembre 2007
cliquer sur l'image pour visualiser le compte-rendu complet
La deuxième rencontre en Val de Marne se déroule à Cachan, à l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
Deux thèmes pour cette rencontre :
- Une mobilisation au service de la réussite éducative
- Une dynamique de territoire et une mobilité pour l’emploi (voir Cachan (2))
Une mobilisation au service de la réussite éducative
Flash Player est nécessaire pour voir la video.
Présentation - vidéo 2'25
Des stands installés dans le hall du Pavillon des Jardins ont permis de proposer aux participants des informations complémentaires. Des vidéos illustrant les deux thèmes ont été diffusées : le quartier des Pervenches à la Haÿ les Roses, l’expérience d’un jeune en insertion, et le reportage sur le 4L Trophy.
Didier MONTCHAMP
Sous-Préfet de l'Haÿ les Roses,
remercie l’ENS pour son accueil dans ce campus en cœur de ville, implanté au milieu des quartiers.
Hisham ABOU-KANDIL
Directeur adjoint de l’ENS
«Nous sommes très fiers d’aller de l’avant pour assurer un meilleur avenir pour nos jeunes et participer activement au développement de nos quartiers, de la ville où nous vivons.»
C’est une école citoyenne républicaine, elle travaille avec la sous-préfecture, les mairies, les associations, participe depuis des dizaines d’années à du soutien scolaire, l’engagement des élèves et des enseignants en fait une école ouverte sur la ville et le monde.
«L’information sera rediffusée, ce n’est pas une fermeture mais le début d’échanges à faire vivre et fructifier.»
Didier MONTCHAMP
L’objectif est d’échanger sur des expériences, entre les acteurs de la Politique de la Ville qui est éminemment partenariale, il y a une très grande diversité des acteurs au profit des quartiers, représentés ici.
Catherine LAPOIX
Sous-Préfète à la Ville
Il s'agit en effet d'échanger entre les différents acteurs, à partir des expériences réussies, des écueils rencontrés, et déterminer ce qu'on souhaite améliorer ou faire prospérer, et sur les synergies entre actions à inventer, d'être collectivement créatifs pour faire remonter 10 fiches actions auprès des ministres.
Les tables rondes sont animées par Muriel CHOUVIAT, Chargée d’animation territoriale de la DDTEFP, Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.
Flash Player est nécessaire pour voir la video.
Ecole Normale Supérieure - vidéo 3'30
Catherine BARATTI
Enseignante à l'ENS Cachan et responsable du service des études, coordonne le « programme 100 000 étudiants 100 000 élèves » avec Brigitte VIDAL.
L’ENS, grande école, vise aussi l’ouverture sur le monde et sur le territoire sur lequel elle est implantée. Le dispositif a pour but de développer l ’AMBITION scolaire des collégiens et lycéens, les inciter à poursuivre leur scolarité vers l’enseignement supérieur, et notamment les études scientifiques.
L’inspection Académique et le rectorat ont recensé les établissements demandeurs. La première année, 2oo6/2oo7, il y a eu un déficit de recrutement des tuteurs : ils font des études prenantes et pas forcément basées à Cachan, donc il y a des questions de transport pour arriver avant la fermeture des lycées; et il peut y avoir une appréhension bien légitime d’un milieu qu’on ne connaît souvent pas, et dont on a une vision seulement par les médias. Une très forte sensibilisation a permis cette année de réunir environ 80 tuteurs, par une journée portes ouvertes… et l’implication est reconnue par une validation dans le cadre du nouveau diplôme de l’ENS Cachan.
La rançon du succès est que le suivi et l’encadrement nécessaires des tuteurs sont plus lourds, pour s’assurer de leur assiduité, - c’est un engagement - et d’une formation adéquate qui sera valorisante puisqu’ils peuvent se retrouver en situation d’enseignants dans ces quartiers par la suite.
Pour les étudiants tuteurs présents
«Je faisais déjà du soutien scolaire en maths, et j’ai eu envie d’en faire pour ceux qui en avait vraiment besoin» , « sur le plan personnel monter des ateliers c’est intéressant et enrichissant intrinsèquement»
L'objectif initial est la remotivation pour les études supérieures par des ateliers scientifiques à monter avec un à trois élèves seulement par tuteur pour un travail beaucoup plus concret et personnalisé. Le tutorat a commencé depuis 2 mois, ils se sont heurtés au fait que les parents étaient plus demandeurs de soutien scolaire axé essentiellement sur la réussite au Brevet que d'ateliers scientifiques, mais ont bon espoir que cela évolue.
Catherine FERRIER,
Principale du Collège Chevreul de l'Haÿ les Roses, explique que le PRE, Programme de Réussite Educative, fonctionne bien à l’Haÿ les Roses grâce à un partenariat ancré et pérenne.
L’objectif d’un PRE est de «soutenir, aider et accompagner individuellement les enfants et les adolescents, de 2 à 16 ans ne bénéficiant pas d’un environnement social, familial ou culturel favorable à leur réussite éducative ; d’appréhender globalement un type de difficultés dont les difficultés scolaires vont être un symptôme.»
Flash Player est nécessaire pour voir la video.
Programme de Réussite Educative - vidéo 3'50
Il s’agit d’accompagner le jeune et sa famille pour accéder à la réussite. Une méthodologie, outil garantissant l’éthique, a été élaborée :
- protocole d’orientation vers les dispositifs avec la construction d’un diagnostic partagé de l’évaluation des besoins
- charte de confidentialité, anonymat et démarche de questionnement pour le positionnement éthique
- fiches actions dans les domaines prioritaires, avec évaluation partagée : par exemple club coup de pouce, atelier "lire en famille", accompagnement scolaire, atelier relais, jouer pour lutter contre les incivilités par le théâtre pour une prévention de la violence, organisation de lieux d’écoute des parents et accompagnement des lieux de prévention santé, accompagnement au premier départ en vacances…
«des outils, des modalités souples : par exemple, pour l’accompagnement scolaire les intervenants sont des invités permanents du collèges ; ils viennent quand ils veulent en prenant directement rendez-vous avec les professeurs pour faire le point sur les élèves, l’autorisation est donnée une fois pour toute, cela permet d’aller vite»
Le travail en amont a permis une culture commune, construction idéologique, morale, professionnelle, un travail d'équipe en partenariat qui ne se décrète pas, même si on en a envie, précédant la loi de programmation du Plan de Cohésion Sociale de janvier 2005, est une opportunité qu'on a pu saisir très rapidement.
«On peut dire qu’il y avait tous les éléments du PRE avant le PRE»
En tant que chef d’établissement, on constate un effet immédiat de transformations des visions et positionnements des enseignants sur les enfants, sur le soutien scolaire, les devoirs individuels, l’accompagnement pédagogique… et démarrer leur carrière par ce travail avec les partenaires ça leur apporte beaucoup. Par le théâtre, les professeurs comprennent mieux les difficultés identitaires des enfants, et le regard des élèves aussi sur les professeurs se modifie
«ils constatent que les profs ont une personnalité, une sensibilité, un caractère»
Les effets durables sont que face aux difficultés multiformes l’école se sent parfois seule, même si c’est une solitude collective, et le travail avec les partenaires lui permet de passer de l’identification d’élèves en difficulté - ce qu’on a l’habitude de faire -, à celle d’enfants qui ont des fragilités, sociales, sanitaires… donc de percevoir la différence entre problème scolaire et fragilités des enfants qui les empêchent de réussir, ce qui n’est pas tout à fait la même chose mais beaucoup plus riche.
Joëlle DONDON
directrice du CIO, Centre d'Information et d'Orientation de l'Haÿ les Roses
"L'objectif apprentissage" monté en 1999 avec l'ANPE, les deux missions locales pour les jeunes de plus de 16 ans et après la 3ème qui envisagent d'entrer en apprentissage, part du constat du CIO que des jeunes revenaient après un démarrage en CFA ou lycée professionnel rapidement abandonné, le milieu professionnel ou scolaire ne leur convenant pas. Il s'agit donc de les accompagner pour les aider à trouver la meilleure voie de réussite. L'objectif n'est pas la signature d'un contrat, mais la découverte de l'apprentissage et l'élaboration de son meilleur choix de formation par chaque élève.
Le CIO repère des élèves ayant le profil pour l’apprentissage, le degré de motivation, l’avancement dans son choix professionnel ; un conseiller de la mission locale l’accompagne dans la recherche d’une entreprise, avec toutes les techniques de recherche d’employeur, avec les conseillers ANPE qui s’occupent plus spécifiquement des jeunes.
Mais il est toujours aussi difficile de trouver un employeur sans une maturité et une culture familiale, malgré une volonté du gouvernement d'augmenter le nombre d'apprentis jusqu'à 500 000. L'aide de la mission locale est donc surtout centrée sur ce point. Le partenariat, fort, ne repose plus seulement sur les personnes mais sur les services d'accompagnement des jeunes dans leur recherche d'insertion, ce qui leur permet aussi de connaître toutes les structures qui vont pouvoir les aider, même plus tard, donc de travailler pour l'immédiat et pour le futur.
Flash Player est nécessaire pour voir la video.
Le Centre d'Information et d'Orientation - L'action Emploi Formation - Promoloisirs - vidéo 6'05
Muriel CHOUVIAT
Tous les jeunes ne peuvent pas bénéficier de ce type d’action, mais des associations mènent d’autres types de projets.
Françoise ROUGIER
AEF 94
«Eux, ils ont des impératifs familiaux, la marmite à faire bouillir, ils n’ont plus le temps et la capacité d’imaginer ce que pourra être leur avenir professionnel et leur avenir personnel, il faut leur dire que la formation par l’économique peut aussi être pour eux.»
AEF 94, Action Emploi Formation, accueille depuis 20 ans des personnes de plus de 25 ans qui n'ont pas accédé à la formation - ou il y a trop longtemps - pour les accompagner dans un retour à l'emploi. Elles sont adressés par les partenaires, services sociaux. Ce ne sont pas forcément des personnes "désinsérées", mais qu'il faut accompagner.
Le principe est de leur proposer très rapidement de mettre le pied à l’étrier par une mission de travail au sein de l’AEF si leur parcours le nécessite et qu’ils en expriment le souhait. Ensuite, depuis 4 ans avec une "passerelle vers l’emploi", il y a un accompagnement vers un emploi pérenne, par une formation sur les métiers à domicile (65% du public sont des femmes, cela correspond souvent à l’idée qu’elles peuvent avoir de leur expérience de mère de famille…). La difficulté est de concilier les calendriers entre la demande de l'entreprise d'une personne en capacité d'assurer rapidement des missions, et une formation qui s'inscrit dans la durée. La proposition correspond donc à un système d'alternance après la barre fatidique des 25 ans et semble à renforcer, d'autant que depuis 4 ans, sur 110 personnes, plus de 40% a obtenu une qualification de type CCP, Certificat de Compétence Professionnelle.
Plutôt que la scission entre différents types de publics, des projets regroupant adultes et jeunes seraient bénéfiques (but commun), l’alternance quelque soit l’âge, avec une souplesse de la part des organismes de formation.
Alain DELHEZ
Président de Promoloisirs
«bannir les conflits, ils connaissent deux mots grecs : nuit et jour : NICTA et MERA»
Promoloisirs a monté un chantier d'insertion jeunes, de 18 à 23 ans, issus d'un quartier difficile, en échec de socialisation, avec des niveaux très divers qui ne correspondent plus aux codes pour entrer dans le monde du travail. «Le comportement de la cité a un code, des valeurs mais pas forcément les bonnes comme le respect des horaires, des consignes, du matériel, des formateurs... » « bannir les conflits, ils connaissent deux mots grecs : nuit et jour : NICTA et MERA»
Il s’agit de les motiver pour revenir sur des valeurs fondamentales, qui leur permettront ensuite de suivre une formation pour accéder à l’emploi.
«lorsqu’ils ont appris aux étudiants la mécanique, comment changer le delco, l’alternateur, ils se sont retrouvés dans le rôle du formateur»
Le 4 L Trophy est un rallye raid dont le but est de faire amener du matériel scolaire au Maroc par des étudiants d’université ou de grande école dans des 4L préparées par les jeunes. Ils se sont appropriés la réussite et ils ont changé de comportement, l’échange est profitable.
«l'expérience a suscité la passion, il y en a des chantiers d'insertion mais là c'est plus intéressant que de planter des massifs de rhododendrons ou de pousser des blocs de ciment, donc c'est assez facile de les faire venir dans cette formation»
La prochaine action consiste à assurer la maintenance d’une voiture de course, puis sa conception, il va falloir qu’ils se mettent derrière une table à dessin, tracer ce qu’ils vont construire et travailler avec minutie. Huit jeunes sur les dix sont assurés d'avoir un emploi à la fin de la saison en décembre.
Michel SOUILLAC
Directeur de la Mission Locale Bièvre Val de Marne
«les actions durables méritent aussi d’être soutenues !»
Il faut travailler de façon étroite avec l’éducation nationale pour dresser un filet de sécurité entre scolarité et après scolarité pour qu’il n’y ait pas de rupture dans la vie sociale du jeune.
Le problème du RPIJ, réseau public pour l’insertion des jeunes, sans dire que ça va mal mais c’est sa rigidité : il finance des nouveaux projets, il faut que les projets s’inscrivent dans la durée,
Catherine LAPOIX
«l’évaluation doit être faite à long terme»
L'importance c'est le résultat des actions : on en a pris 10... on en a placé 8. Après, il s'agit d'argent public : c'est à la société de dire «oui on retient cette action» ou non. Et ce qui est novateur c'est de faire évoluer les pratiques, d'une part les publics changent, et d'autre part on peut améliorer les actions.
Raphaëlle ABOU
RATP
La RATP réalise de la prévention urbaine depuis une quinzaine d’années, avec des actions en milieu scolaire, dans les centres de loisirs avec les jeunes de la police, auprès de jeunes en insertion professionnelle issus des quartiers, avec les Missions Locales, l’ANPE, et l’AFPA qui prépare aux tests de recrutement pour les machinistes conducteurs de bus.
Yves EVARISTE
maire adjoint de Cachan
- le partenariat, l’accompagnement ne se décrètent pas, impliquent des connivences et des communautés d’objectifs entre les différents intervenants mais supposent des engagements personnels assez forts
- la recherche des stages est très difficile et si l'éducation nationale, école de la république, s'implique, l'engagement citoyen des entreprises est nécessaire également.
Flash Player est nécessaire pour voir la video.
Débat - vidéo 4'25
Jean-Marc AMONT
Nouveau directeur de l’IFOCOP, mission de service public pour la formation d’adultes en difficulté, en échec professionnel particulier.
Le projet professionnel en alternance suppose un accompagnement, sinon c’est une utopie.
«La meilleure utopie possible c’est de dire on est à vos côtés»
«Nous travaillons avec des systèmes qui existent, le ministère des PME… il y a des expériences superbes, nous trouvons une entreprise et assurons la transition jusqu’au retour à l’emploi, qui est réussi à 83 %.»Si l’on oublie l’évaluation, on n’est pas bon dans la pérennité. «Pour quelqu’un qui est tout nouveau c’est compliqué de participer, comment pérenniser cette sorte d’univers réseau dans lequel chacun pourrait intervenir ?»
Jean COUTHURES
Maire-adjoint de Vitry sur Seine
L’assouplissement de la carte scolaire pose problème, il paraît nécessaire d’abonder les moyens de l’ensemble des établissements qui le souhaiteraient. Au Lycée Jean Macé à Vitry il y a un partenariat avec Sciences Po, avec un taux d’intégration remarquable d’étudiants des quartiers sensibles.
En ce qui concerne les actions tuteurs, Catherine BARRATI répond qu’il faut attendre les résultats d’un cycle complet de collège.
Il n'y a pas d'école de la deuxième chance à ce jour sur le département, alors que 25% des 15-25 sortent sans formation initiale. Catherine LAPOIX indique que le Conseil Régional, en partenariat avec la CCIP (Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris-Val-de-Marne), propose d'en créer une par département en finançant 50% du coût.
Gabriel LEBRUN
Centre de formation atelier relais de Villejuif
«on apprend les maths et le français, pourquoi ne pas apprendre l’entreprise ?»
Il y a des expériences positives intéressantes, mais il ne faut pas oublier :
- un retour des jeunes assez négatif, par exemple sur l’éducation nationale (regards des professeurs, programmes, méthodologie, pédagogie)
- quel rôle de l'école par rapport à la découverte du monde de l'entreprise, deux mondes différents qui ne se connaissent pas : les jeunes et l'entreprise. Il faut faire des passerelles
- L'entreprise demande des gens motivés, à l'heure, sachant s'exprimer...
Annick WALTER
Professeur au lycée Darius Milhaud du Kremlin Bicêtre
«Les professeurs n’ont pas beaucoup d’idées non plus de ce qu’est l’entreprise et cela paraît vraiment très grave et préoccupant.»
Christiane MAHUSA
Etudiante en Licence Management CFA à l'Université Espoir, en alternance chez EDF-Gaz de France Distribution à Villejuif
La motivation, c'est vraiment très important dans un apprentissage. «J'habite à Creil, j'ai une heure et demie de trajet. Si on est motivé, on trouve, j'ai cherché sur Internet.»
Christophe VAAST
DRH, Directeur des ressources humaines, MEDIASTORE
Le partenariat est très important. Pour des stages de 4°, des dizaines de gamins se présentent au magasin et posent simplement la question «est-ce que vous prenez des stagiaires ?» Mais pour faire quoi ? aucune idée. Pas de projet professionnel, personnel, ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire dans l’entreprise, faire une lettre de motivation, un CV, c’est important de les former à ça, dans le cadre de l’entreprise et en partenariat avec l’ANPE.
«Les stages dans les entreprises ne sont pas intégrés en amont, on pourrait créer un réseau de DRH en France pour apprendre aux jeunes à se présenter à l’entreprise.»
Voir la suite, "Une dynamique de territoire et une mobilité pour l’emploi".